Pourquoi la BCE Pratique-t-elle des taux d’intérêt directeur bas ?

Bruno Moschetto (H.55) est diplômé de HEC et de l’Institut d’études politiques de Paris. Il a été président de la Société bordelaise de crédit industriel et commercial, conseiller du ministre de l’ambassade de France au Mexique et conseiller financier pour l’Amérique latine et les Caraïbes auprès du Trésor. Il est Président du Conseil de Surveillance de la Banque Delubac et Cie. Depuis trente ans, la France, comme les pays voisins, vit dans un contexte de désinflation compétitive. Les taux d’inflation — et donc les taux d’intérêt — sont devenus presque nuls.

Les taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) contrôlent la balance des débiteurs et les taux de paiement qui jouent à la fois sur le courtage bancaire et sur l’intermédiation du marché. Commençons par le courtage bancaires. L’activité principale des banques consiste à emprunter auprès de déposants pour prêter aux emprunteurs. La pratique consistant à utiliser des taux d’intérêt bas devrait stimuler le financement de l’économie réelle et donc favoriser la croissance, mais ce n’est pas le cas.

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En effet, ce ne sont pas des taux d’intérêt bas qui encouragent les entreprises à développer leurs outils de fabrication. Ils sont enclins à le faire lorsque la demande des ménages est susceptible d’augmenter.

Comment la désinflation ralentit la croissance

C’ est tout le paradoxe : les ménages augmentent leurs dépenses dans un environnement inflationniste ! Lorsque les prix sont élevés ou baissent, ils ont tendance à remettre les achats pour payer moins cher. C’est pourquoi l’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Olivier Blanchard, souhaitait faire passer le taux d’inflation cible de la BCE de 2 % à 4,5 %. Malheureusement, cela n’a pas été fait. Dans le contexte actuel de la désinflation concurrentielle, notre l’organisme économique a un encéphalogramme plat. Regardons le courtage de marché maintenant.

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Lorsque les nouveaux taux d’émission diminuent, les anciennes obligations gagnent en valeur sur les marchés parce qu’elles produisent plus de rendements. Cette hausse des prix des actifs enrichit les détenteurs individuels ou institutionnels… mais pas les sociétés émettrices ! Les politiques déflationnistes d’ « approvisionnement », déclenchées en Allemagne par une phobie de l’hyperinflation dans les années 1920, ont été étendues à ses partenaires européens. Le phénomène dénoncé par un récent rapport de l’Organisation internationale du Travail (OIT), qui estime que l’Allemagne fait baisser ses voisins. Il est plus que jamais nécessaire de faire monter les taux d’intérêt pour faire baisser les prix des actifs. Combinées à la relance de la demande keynésienne, ces politiques stimuleront l’investissement des entreprises et, partant, le plein emploi et la croissance.

Jean-Jacques Perquel (H.53) est agent de change, administrateur du Centre des professions financières, de l’Association nationale des médecins d’économie et des sciences de gestion (Andes) et président honoraire de l’Académie de comptabilité. Il a été chargé de cours à HEC Paris. Les politiques anticycliques pratiquées dans les années 2000 par Ben Bernanke et Hank Paulson aux États-Unis, et prises en charge par tous les autres pays du monde, les banques centrales impliquées achètent des bons du Trésor, des obligations d’État et même des prêts aux entreprises.

Cette politique a entraîné le déplacement des taux vers le « piège monétaire ». Tant que les taux restent dans ce domaine, disons moins de 3% en termes réels, nous pouvons les changer, cela n’affecte pas les décisions d’investissement. En fait, pas il y a eu de l’inflation, malgré l’énorme augmentation de la masse monétaire. Aujourd’hui, nous savons comment expliquer cela : la mondialisation a créé une offre qui dépasse la demande de « solvant ».

Bien sûr, il y a des points inflationnistes comme des objets d’art : un urinoir à trois places exquis inconnu a été vendu pour 3 millions de dollars (ce qui a fait du Financial Timesay que 1 million de dollars par site était encore un peu cher…).

L’ investissement vert va augmenter demain

Les économistes ont cherché à comprendre la situation. Selon la « nouvelle théorie monétaire », nous sommes à la veille d’une période de grand développement économique associé à l’innovation technologique et aux progrès environnementaux. Pour encourager ces investissements à long terme, on s’attend à ce que les taux d’intérêt restent très bas pendant une période pouvant aller jusqu’à dix ans. Note sur les taux négatifs. Lorsque les institutions achètent ces types de titres, ils le font sur les devises que dans à plus long terme, ils espèrent être réévalués en raison de l’important excédent de la balance commerciale : la Suisse, le Japon et l’Allemagne (de nombreux autres pays comptent sur le fait que l’Union européenne va exploser et que l’Allemagne récupérera sa propre monnaie).

Bien sûr, cette situation ne peut être que temporaire. Nous trouverons des théories dès que la dette mondiale, qui atteint actuellement 240% du PIB, sera absorbée par la reprise. Ce dernier sera motivé par l’innovation et les investissements « verts ». Enfin, la question est la suivante : devrions-nous accélérer la transition vers le système économique traditionnel en augmentant artificiellement les taux ? Non, parce que cela risque de créer une crise économique à grande échelle. Mieux laisser les taux « se gérer » en fonction des besoins d’investissement.